Ce soir j'ai suivi une conférence vidéo organisée par l'INSA de Lyon et très intéressante. J'ai appris beaucoup de choses !

Le monde industriel des câbles marins est tout petit : Subcom pour les américains, Nec pour le Japon et Alcatel (ou plus précisément ASN : Alcatel Submarine Network) pour l'Europe. En effet, cette entreprise française est devenue une filiale à 100% de Nokia.

99% du trafic internet passe par les 1.2 millions de câbles optiques !

Les premiers câbles ont été tirés en 1858.

Les câbles transatlantiques sont longs d'environ 7 000 km et ceux qui traversent le Pacifique de 12 000 km.

Les câbles ont de gros enjeux géopolitiques, en particulier pour relier les petites iles du Pacifique et ainsi, contrer l'influence de la Chine.

Un projet de câblage dure 3 à 4 ans et se déroule en 6 étapes et coûte de 200 M€ à 1 milliard :

1. Définir une route théorique avec le client

2. Reconnaissance de la route par bateau avec images radar tous les 4 à 5 km pour vérifier les fonds marins

3. Obtention des permis : cette étape est la plus critique, elle peut durer de 6 à 36 mois et être remise en question par les coups d'états, les guerres etc... (par exemple pour le projet Africa2, il a fallu obtenir 552 permis)

4. Conception : combien de répéteurs et combien de km de câbles

5. Fabrication : c'est l'étape "industrielle" : production des câbles à Calais et des répéteurs (les répéteurs sont fabriqués à Greenwich, ils doivent résister à la pression à 8000m sous l'eau et ne comporte pas de ventilation). Remarque : jusqu'à 400/500 km aucun répéteur n'est nécessaire. Cependant dès que les répéteurs sont indispensables, on en pose tous les 80 km environ. Les câbles, comme les répéteurs ont une durée de vie d'environ 25 ans. Remarque : plus le diamètre des câbles augmente, moins le bateau peut embarquer de longueur de câble ! Le passage de 4 paires à 24 paires n'a donc pas été sans conséquences.

6. Opérations marines : celles-ci se décompose aussi en plusieurs partie : lovage, dépose et maintenance

Lovage : Dans l'album associé, la première photo montre l'intérieur des câbles, l'opération de lovage (effectuée dans les mêmes conditions qu'en 1870 et toujours par des êtres humains, ce n'est pas faisable par un robot), la mise à l'eau d'un répéteur et leur stockage sur les bateaux.

La deuxième photo est une ligne de fabrication des câbles, la troisième des équipements marins.

Dépose : La dépose est elle aussi délicate. Le câble est déposé à 8000m donc le bateau est déjà loin au moment où le câble touche le fond et il doit être dans un couloir de 500m de large ! Les bateaux utilisent une charrue (en haut au centre de la troisième photo) pour creuser un sillon d'1,50 m pour le câble quand la profondeur est inférieure à 1000m.

Maintenance : on compte environ une coupure de câble par semaine ! A 80% des filets ou des ancres. L'intervention dure au minimum une semaine car il faut compter le temps de navigation. Le câble est remonté sur le pont ou un artisan hyper pointu répare au milieu du roulis et du tangage ! Dans le monde on compte 63 bateaux capables de réparer les câbles, des partenariats existent pour pouvoir couvrir l'ensemble des océans.

Dans l'album, quelques photos sur l'évolution (passage de 4 paires à 24 paires et études pour passer à 48 paires) et surtout sur le passage de la mer à la terre ! En effet, il faut bien raccorder les câbles sous-marins aux réseaux terrestres ! En particulier Marseille est devenu le plus grand hub du monde en accueillant l'arrivée de 16 câbles. Le Brexit a favorisé son essor, Gènes et Barcelone tirent aussi leur épingle du jeu.

Prospective :

• Utilisation des réseaux pour surveiller l'état des fonds marins en ajoutant des capteurs

• Mettre en place des réseaux pour les plateformes en mer

• Récupérer les câbles pour leur matériau

et voici un site pour compléter le sujet : internationaenergyclub